Nous pouvons dès à présent vous inviter à réserver ces dates :
Le prochain congrès du CIRPPA se tiendra à Vannes les 27 et 28 juin 2025.
Intervenants pressentis :
Emmanuelle Bonneville, Aline Cohen De Lara, Hélène Delalande, Denys Ribas, Jean-Philippe Roguet ainsi que l’équipe du CIRPPA
Argument : « Destructivité(s) dans les groupes ; quelles transformations ?
On observe dans tous les groupes thérapeutiques une période chaotique liée à une attaque narcissico-identitaire qui engendre de très violentes angoisses primaires. Celles-ci s’expriment par exemple chez les enfants par une activité motrice qui submerge souvent les thérapeutes. Cet aspect destructeur – certains parlent d’attaque du cadre – est le plus souvent ponctuel et momentané, à savoir qu’au bout d’un certain temps le narcissisme groupal se substitue en partie à la perte individuelle et engendre de nouvelles dispositions, telle que l’illusion groupale, installant une utopie égalitaire qui ensuite proposera des reconstructions plus créatives. Mais, quelquefois, on assiste à une répétition de la destructivité qui engage souvent le contretransfert, celle-ci pouvant avoir pour conséquence l’arrêt et la mort du groupe. Ces différents états seront pris en compte et analysés dans ce congrès.
Ces phénomènes seront décrits du point de vue de la psychanalyse et le propos n’est pas simple car cette destructivité évoque la question de la pulsion de mort dont on connaît les préoccupations contradictoires chez divers auteurs (S. Freud, M. Klein, J. Laplanche ou D. Winnicott..).
Pour Freud, les pulsions de vie et de mort[1] sont liées par ce qu’il appelle un « alliage ». L’homme a besoin de cette union de vie et de mort pour vivre. Il faut pouvoir détruire pour que le désir se manifeste. La pulsion de mort devient dangereuse quand elle se désunit de la pulsion de vie. C’est la déliaison, ou désintrication, qui entraîne le déchainement de la haine et de la destructivité à l’état pur. Klein reprendra cet aspect[2] mais la phase dépressive permettra la réparation psychique pour surmonter la pulsion de mort. Winnicott[3] proposera, de son côté, la haine comme liée à la faiblesse extrême du bébé et c’est par la survivance de l’objet face aux attaques que la problématique pourra se résoudre. Cette proposition sur l’objet trouvé-créé sera reprise par R. Roussillon[4] et par D. Anzieu[5]. Ce dernier a insisté sur l’importance de la création de ce qu’il appelle une « peau commune » dont la qualité, là encore, conditionne les futurs décollements et évite que la séparation ne produise des vécus d’« arrachement ».
Toutes ces variations nous permettent de mieux comprendre ce que le groupe engendre de destructivité mais aussi comment le cadre thérapeutique qui entraîne une tridimensionnalité contenante avec la mise en place d’enveloppes, a les capacités de générer une reconstruction assez rapide. Restent à considérer les effets spécifiques des groupes comme la formation des thérapeutes, l’âge, et enfin la pathologie des participants.
[1] Malaise dans la culture, O.C. Paris, PUF, 1929, 245-333.
[2] Envie et gratitude. Paris, Gallimard,1957,
[3] « L’utilisation de l’objet et le mode de relation à l’objet au travers des identifications », Jeu et réalité, Paris Gallimard, 1975, 120-131.
[4] « La destructivité et les formes complexes de la survivance de l’objet », RFP, 2009/4, 73, 1005-1022.
[5] Le moi peau, Paris, Dunod, 1985