CENTRE D’INFORMATION ET DE RECHERCHE en Psychologie et Psychanalyse Appliquées aux groupes

Le traumatisme de la mise en groupe pour le thérapeute > Réflexions pour le forum du congrès d’Auxerre 

Eric EMERY
14/05/2009

Institution contenance créativité

Je travaille dans le CMP et un hôpital de jour d’un inter secteur de pédopsychiatrie publique. Je parle donc de groupes thérapeutiques dans une des unités de soin d’un ensemble. Il est donc contenu dans et par l’organisation concentrique des différents niveaux de la structure hospitalière. Les différentes enveloppes se superposant apparemment aux différentes hiérarchies encadrantes.
Ce qui concoure en premier lieu à la contenance extérieure du groupe ce seront la possibilité, la capacité, la protection, les contraintes propres à l’organisation du service hospitalier.
Mais aussi participant de l’intérieur à la contenance, comme identité introjectée, la visée idéale, la mission de service publique et son interprétation dans la citée : la politique de soin de ce service dans ce cadre politique.

Cette enveloppe institutionnelle n’est pas qu’une disposition de couches gigognes. Elle est aussi transversalité possibles. Ce possible étant référence à un autre agencement de l’espace de pensée au sein de l’institutionnel. Rencontre autour de la psychanalyse et du travail groupal, fait d’échanges cliniques et de lectures communes.
Cette transversalité se tient dans des rencontres autour de thèmes communs et dans des espaces différents de ceux qui servent d’axe à la hiérarchie institutionnelle ( synthèse, pole, unité fonctionnelle)
Un groupe sur les groupe transversal et parallèle, figurant comme un miroir des groupes thérapeutiques eux même accompagnés d’un groupe parent, de réunion de synthèse, de post-groupe.
Il s’y expérimente un autre type de relation, une complicité, un transfert, qui désigne dans l’institution un collectif. Là encore une visée, un idéal assure l’épaisseur de ces rencontres en leur servant de point de fuite. Il s’y engage à plusieurs une politique : un Idéal du Moi groupal.
Dans un service hospitalier il existe d’autres transversalités collectives les associations les syndicats …

Au total ces superpositions et ces croisements, ces différentes lignes d’horizon tissent une étoffe qui sert la contenance des groupes thérapeutiques qu’elle inclus, les thérapeutes dans le groupe étant eux même porteurs inconscients de ces variables.

Deuxièmement
À l’intérieur du groupe le matériel utilisé- je veux dire à la fois les espaces investis, les objets , mais aussi les modèles et les théories- ne correspond jamais à la représentation idéalisée que le thérapeute s’en est faite Le Moi-Idéal groupal. La mise en place du groupe thérapeutique est un temps conflictuel entre la reproduction de cet idéal groupal, ici le model du CIRPPA, (nous pourrions penser aux luttes syndical pour la politique de soin) et les limites protectrices et frustrantes de la règle hospitalière. Obtenir la bonne salle de groupe agréable et sécure, le joli matériel adéquate, les horaires confortables, ,les collègues attentifs fournissant des enfants correspondant aux bonnes indications thérapeutiques…
Mais la mère institution ne fournit pas exactement toutes ces choses.
Il se glisse des hiatus des décalages.
Au final le groupe se constitue de façon à peu près satisfaisante avec toutes ce qui apparaît anxieusement comme des insuffisances.
Mais ces aussi dans ce décalage que les membres du groupe vont pouvoir créer se dés-identifiant des modèles érigés.
Le thérapeute ne doit pas trop s’accrocher aux objets de manière fétichiste, mais s’appuyer sur les enveloppe et sur son axe de travail interne ( son éthique)

Alors par exemple le meuble bibliothèque malencontreusement fixé au mur de la salle peu devenir, grace aux enfants, un dortoir de lits superposés, les chaises trop grandes renversées des montagnes
Chaque élément intégré dans l’espace contenu du groupe devient une partie du discours du rêve commun.

Troisièmement
Que se passe-t-il quand il n’y a pas simplement limitation , voire pénurie, mais que l’organisation de la pénurie se fait à des fins qui visent autre chose que la mission à quoi s’engageait les participant du groupe, de l’unité de soin, du collectif.
Quand la pénurie sert d’instrument à la réorientation radicale de nos idéaux ? Le groupe se trouve alors miné de l’intérieur. Il devient l’endroit d’un conflit où il est très difficile de maintenir une contenace qui soit créativité.
Cette négation de notre idéal (non pas son interrogation) rencontrant les angoisse et les désorganisations de ceux que nous prétendons soigner. Nous sommes alors dans l’ incapacité.

Eric EMERY